Quelle chance d'être née femme !
Dimanche, mon homme et moi sommes allés visiter l’Abbaye de Fontevraud, du côté de Saumur. Complexe abbatial d’une grande beauté, chargé d’histoire (fondation en 1101) et, avec la maison de Clemenceau et le château d’Angers, seuls monuments nationaux des Pays de la Loire. Son fondateur est Robert d’Abrissel. « Réformateur religieux et itinérant avec le soutien du pape, il se retrouve à la tête d'un groupe de plusieurs centaines de personnes, à majorité féminine. Il sillonne l'Anjou, le Maine et même la Normandie, où il convainc même, à Rouen, des prostituées à venir le rejoindre. »
« La grande particularité de l'abbaye a été d'accueillir à la fois des hommes et des femmes dans des couvents séparés et d'avoir dès sa fondation été dirigée exclusivement par des abbesses, selon la règle édictée par son fondateur. L'abbaye est classée monument historique depuis 1840[] et au patrimoine mondial de l'Unesco en 2000 avec l'ensemble du site culturel du Val de Loire. Henri II Plantagenêt, successeur de Foulque et roi d'Angleterre, en fit une abbaye royale et la nécropole de sa dynastie. C'est pourquoi lui-même et son fils Richard Cœur de Lion y ont toujours leurs gisants, de même qu'Isabelle d'Angoulême, femme de Jean sans Terre, et Aliénor d'Aquitaine qui y finit ses jours.
Relevant de la règle bénédictine, Robert d'Arbrissel établit une règle inédite — non dans la mixité [] —, mais en instituant qu'après sa mort, survenue en 1116, ce serait des abbesses qui dirigeraient aussi le monastère des hommes. Les 36 abbesses qui ont dirigé de 1115 à 1792 l'abbaye de Fontevraud ont toutes appartenu au milieu aristocratique. Parmi elles, on trouve quatorze princesses, dont cinq de la famille de Bourbon. Les quatre grandes règles dans l'abbaye étaient:
- la chasteté
- l'obéissance
- le silence
- la pauvreté
Aux XVIe et XVIIe siècles, les abbesses de la famille des Bourbons, bénéficiant de l'appui royal, font de Fontevraud un centre spirituel et intellectuel, qui a connu la seconde période de faste de son histoire. »
(Ces explications proviennent de Wikipedia)
Bref, je ne veux pas vous faire un cours d’histoire mais tout ça pour en venir au fait : en sortant de l’Abbaye, j’ai surpris la remarque d’une femme d’une quarantaine d’années, elle aussi venue visiter et qui ressemblait par ailleurs à vous et moi, rien de particulier donc. Voici ce qu’elle a dit à son mari : « Eh bien ! T’imagines, toi, 300 bonnes femmes là-dedans ? Ca devait se crêper le chignon ! ». Bref, non seulement c’était tout à fait stupide (inutile d’expliquer) mais en plus très machiste. A tout vous dire, moi qui sortais émerveillée, j’ai été immédiatement atterrée. J’espère vraiment qu’il y a peu, voire pas, de gens qui ressortent en pensant des con***ies pareilles ! Au lieu de se dire : « Quelle grandeur d’âme elles devaient avoir ! Quelle plénitude et quel honneur se devait d’être à Fontevraud ! ».
D’une part, aujourd’hui, naître femme, c’est naître avec des points en moins : les femmes ont le dessus à la maison, les hommes partout ailleurs ! (Moi-même , soyons honnêtes, j’ai très très longtemps (il y a peu encore) rêvé d’être un homme). D’autre part, quand on parle de femme ou de féminin, c’est quasi une insulte (je ne vais pas lister toutes les expressions ou manière de dire avec femme (même femmelette !!!), fillette, fille, ……). Pour finir, lors de ma formation incluant le management humain, j’ai souvent entendu dire : il est plus facile de gérer des hommes que des femmes. Les hommes se rentrent dedans une bonne fois pour toutes alors que les femmes se tirent constamment dans les pattes et, en plus, dans le dos ! (Personnellement, j’ai travaillé pendant plusieurs mois dans une usine où il n’y avait quasiment que des femmes et ce n’était pas du tout comme ça ! Au contraire, c’était une franche camaraderie ! Mon homme m’a dit « Mais oui, mais c’est pas pareil ! C’est un monde rude (travail de la viande) ! ». Je lui ai répondu « Bah oui, comme par hasard … ». Tout ça pour dire que les préjugés, c’est de la bêtise en boîte. Une femme dans une usine agro ou ailleurs reste une femme. Ce n’est pas parce qu’elle travaille dans ce milieu qu’on lui coupe les seins et qu’on lui retire l’utérus !).
(Si on écoute ce qu'on dit, la femme est très bavarde, chochotte, superficielle, chamailleuse, mesquine, irresponsable, peureuse, geignarde, gamine .... Que des bonnes choses, quoi ! Il y a bien sûr des femmes qui ne font absolument pas honneur aux autres femmes et qui sont effectivement superficielles, bêtes, chichitteuses, petites et fermées d'esprit ... Mais des hommes qui sont des enflures ou qui ne valent pas la peine d'être connus, il y en a un tas aussi !!! Et des hommes mesquins, petits d'esprit, bavard, peureux .... ça existe ! Et autant que de femmes ! Mais il y a aussi des femmes autant que d'hommes qui se distinguent du genre et qui font honneur à l'humanité (et qui ne donnent pas envie d'exterminer la race humaine de la Terre !) !!!)
Comme tout le monde, moi aussi, je donne régulièrement dans le préjugé, seulement quand je le fais, c’est souvent pour choquer et attirer l’attention puisque justement rien ne m’insupporte plus que les préjugés. Par exemple : hier, je regardé Belphégor avec Sophie Marceau. Dans ce film, Frédéric Difenthal joue un électricien, il est bien sûr allergique à tout ce qui est culturel (il travaille dans l’hyper-centre de Paris et n’ai pas allé au Louvre depuis 20 ans ! Il n’aime pas lire, à part les magasines), il bouffe des nouilles chinoises dans son camion et accourre lorsque la jolie femme appelle au secours ! Eh bien, ça, ça m’énerve aussi l’électricien sauveur (d’ailleurs la grand-mère dit à Sophie Marceau quelque chose comme « Il est mignon, non ? ». En plus, Sophie Marceau sort d’une histoire malheureuse … Et, là, d’un coup, l’électricien réconfortant, réparateur et protecteur arrive !), qui montre ses pectoraux et qui est aussi cultivé qu’un pois chiche !
Pour finir une bonne fois pour toutes et revenir au sujet du départ (qui finalement n’a absolument pas abordé mais qui le sera plus tard), non, être une femme n’est pas une fatalité, au contraire, c’est une force, c’est une chance ! Et il est temps qu’on le dise !!!!